Améliorer la connaissance sur les zones d’alimentation des limicoles côtiers

Suivi des zones d’alimentation des limicoles côtiers et des activités humaines dans les estuaires picards

Un protocole de suivi a été développé pour caractériser et localiser les principales zones d'alimentation des limicoles côtiers et les activités humaines de l'estran.

 

A l’échelle du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale, plusieurs espèces de limicoles côtiers, ces oiseaux qui vivent et se nourrissent sur les zones humides en bord de plage et les marais, ont été identifiées en période de migration ou d’hivernage comme un fort enjeu de conservation pour le territoire. C’est par exemple le cas de l’Huîtrier pie.

Impliqué dans l’Observatoire du Patrimoine naturel littoral, le Parc naturel marin déploie le protocole  de Réserves Naturelles de France (RNF) sur le suivi des zones d’alimentation des limicoles côtiers et des activités humaines sur l'estran au sein des estuaires picards progressivement, en lien avec les gestionnaires des autres espaces naturels. Les données sur les zones d'alimentation des limicoles côtiers et les activités humaines sont croisées afin de déterminer les zones de l'estran à fort enjeu de conservation pour les limicoles côtiers.

Le protocole RNF peut être téléchargé en cliquant sur le lien ci-dessous.

Focus sur la baie de Canche

L’Estuaire de la Canche est reconnu d’importance internationale (critère Ramsar) pour le Bécasseau sanderling (Calidris alba) en migration et en période hivernale au niveau national, ce qui est également le cas pour le Courlis cendré (Numenius arquata).

Le Parc naturel marin a réalisé trois campagnes d’échantillonnage suivant le protocole RNF, au cours des hivers 2019, 2020 et 2021. Le protocole a été mis en œuvre par le Parc en collaboration avec la Réserve naturelle nationale de la Baie de Canche, gérée par Eden62, et avec l’appui méthodologique de RNF.

Les principaux résultats sont les suivants :

Hiver 2019-2020 :

  • Espèce la plus abondante : l’Huîtrier pie (Haematopus ostralegus), avec plus de 35% des effectifs contactés.
  • Le Courlis cendré (Numenius arquata) et le Bécasseau variable (Calibri alpina) sont présents en proportion presque égales et représentent chacun près d’un quart des effectifs contactés.
  • Le Bécasseau sanderling (Calibri alba) et le Grand gravelot (Charadrius hiaticula) sont également présents en proportion importante.
  • Les activités de promenade sont largement majoritaires en estuaire de la Canche durant l’hiver 2019-2020, représentant plus de 70 % des activités observées lors des suivis. Un important pourcentage des promeneurs sont accompagnés de leurs chiens, dont près de 28 % non tenus en laisse.

Hiver 2020-2021 :

  • L’espèce la plus abondante est l’Huîtrier pie, suivis du Courlis cendré, du Bécasseau variable et du Bécasseau sanderling.
  • Le Bécasseau maubèche et le Grand gravelot ont été contactés régulièrement mais en faibles effectifs. L’avocette élégante, le Bécasseau maubèche et le Chevalier gambette ont fait l’objet d’observations uniques.
  • Les activités humaines sont largement plus abondantes durant l’hiver 2020-2021 par rapport à l’hiver précédent. L’activité la plus abondante reste la promenade (avec ou sans chiens), qui représente plus de 80 % des activités humaines observées. La pêche à pied récréative, le jogging et le VTT sont des activités qui ont vraisemblablement connue une forte popularité au cours de cet hiver.

Hiver 2021-2022 (uniquement rive nord de l’estuaire) :

  • Sur le secteur de Camiers, le Courlis cendré est l’espèce la plus observée, représentant à elle seule 40 % des individus observés.
  • L’Huîtrier pie représente 32 % des effectifs observés. Le Bécasseau variable et le Bécasseau sanderling font également partie des espèces principalement observées en alimentation au cours de l’hiver, avec le Grand gravelot.
  • En tout, ces 5 taxons principaux représentent 98 % des effectifs observés.
  • Comme lors des campagnes précédentes, l’activité la plus observée est la promenade, qui représente 78 % des effectifs observés. La pêche à pied récréative est également très présente sur ce secteur de Camiers durant l’hiver 2021-2022, avec près de 12 % des effectifs observés. Les autres activités dominantes sont le kitesurf, le char à voile et le VTT. Le passage d’aéronef semble relativement constant sur les trois hivers.
Cartographie des zones d’alimentation des limicoles côtiers et des zones de présence des activités humaines des observations cumulées durant les hivers 2019, 2020, 2021 (Robineau, 2023)

Dans le cadre des campagnes, plusieurs secteurs où les limicoles étaient au repos ont été identifiés : au niveau du musoir, du feu des dunes, à la pointe de Lornel au nord, sur la plage et la pointe du Touquet au sud, ainsi qu’au niveau du musoir et de l’embouchure de la Canche.

Rapports bilans

La baie d'Authie

Le Parc naturel marin mettra en œuvre le suivi des zones d’alimentation des limicoles côtiers et des activités humaines en baie d’Authie durant l’hiver 2023-2024, avec l’appui méthodologique de RNF.

Les résultats de ce suivi participeront à l’étude de la fonctionnalité de la baie d’Authie portée par le Parc naturel marin et le syndicat mixte Eden62.

Observatoire du Patrimone Naturel Littoral (OPNL)

L’observatoire du Patrimoine Naturel Littoral animé par Réserves Naturelles de France avec le soutien de l’Office Français de la Biodiversité participe au suivi des abondances des limicoles côtiers hivernants sur le littoral français depuis les années 2000.

Depuis 2018, l’OPNL s’intéresse également à la distribution sur l’estran, à marée basse, des limicoles côtiers hivernants en alimentation, en lien avec les activités humaines pratiquées sur l’estran. Un protocole a ainsi été développé au sein de l’Observatoire, visant à localiser les limicoles et les activités contactées sur l’estran à marée basse durant l’hiver.

Pour aller plus loin