Caractérisation, évaluation et suivi des HAbitats PELagiques estuariens dans le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale

Projet HAPEL

Contexte

Les conditions environnementales au sein du Parc naturel marin des estuaires picards et mer d’Opale sont extrêmement variables dans l'espace et dans le temps. Elles sont largement influencées par la présence des trois estuaires principaux, la Canche, l'Authie, et la Somme, en face desquels est présente au printemps une structure hydrologique remarquable, le "fleuve côtier", un courant marin qui longe le littoral. Dans ce dernier, se développe une forte productivité primaire et secondaire* qui va influencer l'ensemble de l'écosystème planctonique local et, à travers la chaîne alimentaire, les niveaux trophiques supérieurs.

La zone du Parc est caractérisée par des développements massifs de phytoplanctons* nuisibles, Harmful Algal Bloom en anglais. Ces bloom* sont connus pour être à l’origine de dysfonctionnements des écosystèmes pélagiques et benthiques et par l’accumulation de phytoplancton potentiellement toxique dans les zones de production conchylicole.

Par ailleurs ces habitats pélagiques, zone de haute mer, peuvent constituer des Zones Fonctionnelles Halieutiques (ZFH) pour les poissons comme les frayères, soit des zones de reproduction, dont les délimitations géographiques et les caractéristiques environnementales sont mal connues. Il est par conséquent essentiel de mieux comprendre les conditions environnementales et la dynamique du phytoplancton qui est liée à ces conditions au regard de l’importance de ce premier maillon du réseau trophique*.

Objectifs du projet

 

Ainsi, dans ce contexte, HAPEL est un projet de recherche partenarial entre le laboratoire Environnement et Ressources du centre Ifremer Manche Mer du Nord (Boulogne- sur-Mer), et le Parc naturel marin, qui vise à améliorer les connaissances, caractériser et observer les habitats pélagiques dans les estuaires en particulier les communautés du phytoplancton (abondance, composition, diversité) en lien avec les paramètres de la colonne d’eau (salinité, température, pH, turbidité, oxygène dissous). 

Il permettra d’avoir une meilleure compréhension des processus hydrologiques, biologiques et du fonctionnement des réseaux trophiques locaux dans ces zones d’interfaces où les données sont, pour certaines, manquantes (les réseaux de suivis locaux et nationaux n’y sont pas déployés). 

Méthodologie

 

Débuter l’observation et le suivi de la qualité écologique de ces habitats estuariens à l’aide de méthodes innovantes (imagerie planctonique couplée Intelligence Artificielle/Machine Learning) et d’une approche intégrée (multi-sources, multi-paramètres et multi-fréquences) permettra d'améliorer leur gestion. 

Il s’agit enfin d’utiliser l’outil Parc naturel marin comme zone atelier pour faire émerger un observatoire du changement climatique au niveau des habitats pélagiques estuariens qui constituent des zones sensibles pour la biodiversité marine (zone de production primaire, Zones Fonctionnelles Halieutiques) et les activités socio-économiques (pêche, conchyliculture).

Finalité de gestion

 

Ce projet permet de répondre aux objectifs du Plan de Gestion du Parc naturel marin EPMO sur le chapitre 2 : Qualité de l’Eau : Atteindre un bon état écologique des eaux du Parc. Il complète le projet R&D CARPARC-SAFRAN, réalisé en partenariat avec l’Ifremer Boulogne- sur-Mer, qui vise à caractériser les écosystèmes planctoniques au large du Parc naturel marin.

Partenariat

Ce projet s'effectue en partenariat de Recherche et de Développement entre l’Ifremer Boulogne-sur-Mer et le Parc naturel marin EPMO.

Il s'effectuera sur une durée de 5 ans, de 2025-2030.

Définitions

Production primaire et secondaire : Dans un écosystème, la production primaire désigne la production de matière organique végétale, issue de la photosynthèse c'est-à-dire par la transformation de l’énergie solaire en énergie chimique. La production primaire se trouve à la base des réseaux trophiques marins. Son rôle est donc primordial pour les espèces marines. Dans les écosystèmes marins, les micro-algues marines (phytoplancton et microphytobenthos), les macro-algues, ainsi que les phanérogames marines sont des producteurs primaires. La production secondaire, quant à elle, représente la production de matière organique réalisée par les organismes qui tirent leur énergie de la production primaire.

Phytoplancton : Le plancton est constitué d’animaux et de végétaux de petite taille, qui se déplacent principalement sous l’influence des courants. Le phytoplancton représente la partie végétale du plancton, il a un rôle clé dans le fonctionnement des écosystèmes marins étant le premier maillon de la chaîne alimentaire. Il fait de la photosynthèse, produit de l’oxygène et participe à la production primaire processus clé à la base du fonctionnement des chaînes trophiques Certaines espèces sont toxiques (production toxines).

Bloom phytoplanctonique : Les espèces planctoniques ont la capacité de se développer très rapidement lorsque les conditions environnementales sont favorables, provoquant des blooms. Lorsque le milieu reçoit trop de matières nutritives, la production phytoplanctonique peut être excessive et engendrer un phénomène d’eutrophisation.

Réseau trophique : Un réseau trophique représente l’ensemble des relations alimentaires entre espèces au sein d’un écosystème. Tout déséquilibre ou retrait dans la chaine trophique entraine un impact et une réorganisation de l’ensemble de cette chaîne. Ces déséquilibres touchent en grande partie les derniers maillons des chaînes alimentaires, les prédateurs supérieurs.

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