Comprendre l’histoire grâce aux épaves
Le détroit du pas de Calais abrite pas moins de 44 épaves datant de la guerre 1914-18, dont 13 sous-marins allemands. 22 épaves - formellement identifiées et décrites - gisent au fond des eaux du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale. D’autres, plus rares, sont visibles sans avoir à plonger, comme le Privateer échoué sur l’estran à Equihen-Plage.
Les épaves sous-marines présentent un intérêt patrimonial, écologique et sportif. Elles sont le terrain d’exploration des clubs de plongée, et forment des récifs artificiels, sur lesquels une flore et une faune spécifiques peuvent se fixer et se développer : éponges pinceaux, algues, anémones, etc. Mais ces vestiges sont fragiles : ils sont soumis à la corrosion et peuvent être détériorés par les chaluts et les filets de pêche. Recensées par le SHOM (service hydrographique et océanographique de la Marine), les épaves sont protégées par la loi du 1er janvier 1989 en tant que biens culturels, propriétés de l’Etat.
Dans le cadre d’un partenariat, le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale, le Comité départemental du Pas-de-Calais de la Fédération française d’études et de sports sous-marins (CODEP62 FFESSM) et le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) ont développé une exposition itinérante sur les épaves sous-marines de la Première Guerre mondiale, patrimoine protégé mais méconnu. Elle a circulé entre 2017 et 2019, accueillie dans plusieurs lieux publics du littoral du Parc marin.
L’exposition mettait à l’honneur deux navires, dont la destinée illustre le rôle majeur qu’a tenu la guerre sous-marine:
- L’U95 : un sous-marin allemand coulé à la fin de la guerre, qui témoigne de la suprématie absolue des U-Boote dans la première partie du conflit.
- L’Argo : un navire à vapeur anglais, victime d’une mine allemande en 1916. Son état de conservation et les multiples objets remontés à la surface nous instruisent sur la vie à bord d’un cargo au début du XXème siècle.
Des photographies sous-marines, des croquis d’épaves mais aussi des objets remontés du fond par les plongeurs et prêtés par le DRASSM - barre à roue, carafes, douilles d’obus, cuvette de toilettes, hélice, plomb de sonde, encrier, etc. - permettaient de reconstituer de manière vivante et pédagogique la Grande Guerre telle qu’elle s’est déroulée dans le détroit du pas de Calais, sur la mer et sous la mer.
L’exposition traitait également du rôle que jouent les épaves pour la biodiversité marine et des enjeux de la recherche archéologique subaquatique.
épaves
formellement identifiées et décrites gisent au fond des eaux du Parc naturel marin (il y en a sans doute d'autres)