Connaître la flore du littoral du Parc naturel marin
Actions pour la création d’un futur observatoire de la flore menacée
Dans l'optique de créer un observatoire de la flore patrimoniale, et en particulier menacée, du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale, plusieurs actions sont mises en place par le projet OBFLORES. Ce projet permettra de constituer un socle de connaissances pour appuyer la gestion du Parc. Un travail d'appui aux réflexions sur la surveillance des végétations et des habitats des estuaires est également prévu dans ce projet.
Le littoral du Parc naturel marin, et en particulier les estuaires picards de la Slack, de la Canche, de l'Authie et de la Somme abrite une flore patrimoniale. Plusieurs espèces parmi cette flore sont protégées et/ou exceptionnelles au niveau régional, voire national. Cependant, la connaissance de ces espèces floristiques est peu connue ou ancienne sur le littoral du Parc.
Le Parc naturel marin et le Conservatoire botanique national de Bailleul lancent donc en 2023 le projet OBFLORES. Il vise à améliorer la connaissance de la flore patrimoniale, en particulier menacée, à réfléchir sur la création d’un futur observatoire, ainsi qu’à identifier des recommandations de gestion en fonction des menaces identifiées sur le territoire.
8 actions sont ainsi prévues sur la flore patrimoniale du Parc naturel marin dans le cadre de ce projet.
Action n°1 : Collectif botanique des estuaires picards
Le Conservatoire botanique national de Bailleul et le Parc naturel marin ont la volonté d’impliquer et de rassembler les botanistes amateurs ou professionnels qui fréquentent régulièrement le territoire du Parc naturel marin, sous la forme d’un « collectif botanique».
L’objectif est de collecter et de centraliser les données qui pourraient « dormir » dans les carnets de terrain, mais aussi dans la mémoire des botanistes, et d’impliquer les volontaires dans la surveillance et le suivi des espèces les plus menacées.
La 1ère réunion du collectif botanique a eu lieu le 3 mai 2023 à Camiers.
Action n°2 : Elaboration des protocoles de suivi pour les espèces du programme
Des protocoles d’inventaire et de suivi pour les espèces concernées par le projet seront élaborés par le Conservatoire botanique national de Bailleul, avec la participation du Parc naturel marin.
Il sera proposé à l’UMS Patri-Nat d’intégrer les protocoles élaborés pour ce projet dans la base de données CAMPanule, leCAtalogue de Méthodes et Protocoles d’acquisition de données naturalistes.
Rapport du CBN sur les protocoles des espèces cibles - lien à télécharger
Action n°3 : Suivi des stations d’Obione pédonculée
Il s’agit de l’espèce végétale pour laquelle le parc marin a la plus grande responsabilité : elle est protégée au niveau national et y est considérée comme quasi menacée. Cette espèce a connu une très forte régression dans le périmètre du parc ces dernières années et doit être surveillée de très près.
Le CBN de Bailleul réalisera le suivi en impliquant les agents du Parc naturel marin en 2023 et en 2024 dans le département de la Somme. Dans le Pas-de-Calais, la recherche et le suivi de l’espèce seront assurés par le GDEAM 62 via le projet « Suivi des espèces végétales menacées », avec un accompagnement du CBN de Bailleul.
Action n°4 : Suivi de deux espèces protégées au niveau national à détection aisée
En lien avec le Conservatoire botanique national de Bailleul, le Parc naturel marin réalisera en 2023 et en 2024 le suivi de deux espèces protégées au niveau national à détection aisée. Ceci contribuera ainsi à la mise en œuvre de l’observatoire de la flore menacée.
Espèces ciblées :
- l’Élyme des sables (Leymus arenarius) : espèce des dunes embryonnaires, elle est présente sur le littoral du Parc naturel marin.
- le Chou marin (Crambe maritima) : espèce des cordons de galets, abondante entre le Hourdel et le Hâble d’Ault, et sur le cordon de la Slack, elle est présente aussi de manière disséminée en d’autres secteurs.
Le CBN de Bailleul assurera la création des stations correspondantes dans la Banque stationnelle flore (BSF).
Action n°5 : Recherche et bilan sur quatre espèces menacées ou méconnues et à détection délicate
Le CBN de Bailleul effectuera des recherches et réalisera un bilan sur quatre espèces menacées ou méconnues, à détection délicate pour les non spécialistes.
- La Renouée de Ray (Polygonum raii) : Le CBN de Bailleul réalisera en automne 2024 des prospections ciblées pour mieux connaître la répartition de cette espèce emblématique du Parc naturel marin.
- Le Buplèvre menu (Bupleurum tenuissimum) : cette plante très discrète identifiée en baie de Somme n’a pas été revue depuis 2018. Des prospections minutieuses seront réalisées par le CBN de Bailleul en 2023 et en 2024 afin de la rechercher.
- Atropis à épillets espacés (Puccinellia distans) : il s’agit d’une espèce halophile, c'est-à-dire adaptée à de fortes concentrations de sel, qui s’est naturalisée sur le bord des routes à la faveur du salage hivernal. Cependant, l’état de ses stations « naturelles » littorales, où elle est considérée comme exceptionnelle, est assez mal connu. Quelques stations ont été observées dans le fond de la baie de Somme et de la baie d’Authie, et dans le secteur de Cayeux. Sa distinction avec l’Atropis maritime (Puccinellia maritima) est particulièrement difficile. Le projet permettra au CBN de Bailleul de réaliser un bilan non exhaustif de ses stations naturelles du Parc naturel marin en 2024, dans le but de préciser le statut régional de cette espèce.
- Chénopode à feuilles grasses (Oxybasis chenopodioides) : Cette petite plante prostrée des zones dénudées du haut schorre est classée comme exceptionnelle dans les Hauts-de-France. Elle est considérée comme insuffisamment documentée à cause des problèmes liés à sa distinction du Chénopode rouge (Oxybasis rubra). Ce projet permettra au CBN de Bailleul de réaliser un bilan non exhaustif de ses stations dans le Parc naturel marin en 2024, dans le but de préciser le statut régional de cette espèce encore méconnue.
Action n°6 : Gestion et suivi de la station de Laîche divisée de l’estuaire de la Slack
Dans l’estuaire de la Slack, la Laîche divisée végétait depuis de nombreuses années, dans une formation dense à Chiendent du littoral. Depuis 2018, le Parc naturel marin réalise, en collaboration avec le CBN de Bailleul, une gestion de ce secteur par fauche exportatrice dans le but de contrôler le Chiendent et de favoriser la Laîche divisée. Les suivis récents ont d’ailleurs montré des résultats très intéressants en faveur de la Laîche, ainsi qu’une baisse de la densité de Chiendent.
En 2023 et 2024, la gestion mise en œuvre par le parc marin et les suivis engagés par le CBN de Bailleul seront poursuivis dans le cadre de ce projet.
Plus d'informations sur les actions de protection de la station de Laîche divisée dans l'estuaire de la Slack
Action n°7 : Bilan des populations d’Armoise maritime dans le département de la Somme par rapport à l’accroissement de son exploitation
L’Armoise maritime est une plante halophile (adaptée à de fortes concentrations de sel) qui se développe au niveau du haut schorre. Fortement odorante, elle est de plus en plus récoltée à des fins commerciales diverses : distillerie, cosmétique, alimentation... Cette plante, inféodée aux prés salés, est cependant considérée comme très rare et quasi menacée à l’échelle des Hauts-de-France. Ses populations en baie de Somme et en baie d’Authie sud semblent cependant progresser depuis plusieurs années, alors qu’elle est toujours rarissime dans le Pas-de-Calais.
L’objectif est d’estimer l’état actuel de ses populations, ainsi que leur évolution depuis une dizaine d’années.
Les populations d’Armoise maritime du Pas-de-Calais feront l’objet de prospections par le GDEAM 62 via le projet « Suivi des espèces végétales menacées », après un accompagnement par le CBN de Bailleul.
Sur la base des résultats de suivis des populations d’Armoise maritime en Pas-de-Calais et en Somme, le CBN de Bailleul pourra ainsi faire des éventuelles préconisations de gestion au Parc naturel marin.
Bilan des populations et écologie de l'Armoise maritime
Ce bilan détaille les impacts potentiels de l'accroissement des prélèvements sur les populations en Baie de Somme et en Baie d'Authie Sud (Rapport Romane Tardy, 2024).
Action n°8 : Bilan des populations de Cochléaire d'Angleterre
Cette plante halophile indigène (présente naturellement sur notre territoire) a connu une progression dans les estuaires picards depuis plusieurs décennies. Sa répartition réelle est assez méconnue. En 2024, le CBN réalisera, avec l’appui d’un stagiaire, un bilan des populations de Cochléaire anglaise.
Deux autres actions de ce projet porteront sur la stratégie de suivis et de surveillance des habitats et des végétations du Parc naturel marin, en lien avec les échelles supra.
Participez à l’amélioration de la connaissance de la flore dans le littoral du Parc naturel marin avec l’enquête « Chou marin » du Conservatoire botanique national :
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