Connaître les phoques

Suivi des déplacements des phoques

Dans le cadre du programme de surveillance des mammifères marins de la Directive Cadre Stratégie pour le milieu marin et du plan de gestion du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale, deux opérations (en mai et en octobre 2019) ont été réalisées pour poser 15 balises GPS/GSM sur des phoques veaux-marins (dont 2 balises sur le même individu) et 12 balises sur des phoques gris dans la baie de Somme.

Les objectifs de l’étude réalisée par le Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (Vincent et al., 2021) sont de décrire, à partir du suivi télémétrique d’une douzaine d’individus par espèce, la présence et répartition des phoques gris et phoques veaux-marins en mer à partir de la baie de Somme, principale colonie au sein du Parc naturel marin, les zones d’alimentation de ces phoques et les déplacements des populations entre colonies. Une partie des résultats a été comparée aux suivis télémétriques de phoques veaux-marins réalisés en 2008 et ceux de phoques gris réalisés en 2012.

 

Phoque équipé d'une balise pour le suivi télémétrique.

Phoque équipé d'une balise pour le suivi télémétrique.

Benjamin Guichard / Office français de la biodiversité

Phoque équipé d'une balise pour le suivi télémétrique.

Benjamin Guichard / Office français de la biodiversité

Les principaux résultats de l'étude sont les suivants :

Déplacements

  •  Pour l’ensemble des individus suivis de phoques veaux-marins, les déplacements en mer étaient côtiers voire très côtiers. Tous les phoques veaux-marins équipés de balises ont passé la majorité de leur temps en baie de Somme.
  •  Phoques gris, les suivis télémétriques montrent une grande variabilité inter-individuelle pour les déplacements, c'est-à-dire qu'il y a des différences importantes entre les individus balisés : certains ont fait de grands déplacements en mer du Nord, d'autres sont restés en Manche orientale.
Cartes des déplacements des 14 phoques veaux-marins et des 12 phoques gris suivis par balises GPS/GSM à partir de la baie de Somme en 2019/2020

Cartes des déplacements des 14 phoques veaux-marins et des 12 phoques gris suivis par balises GPS/GSM à partir de la baie de Somme en 2019/2020

Cecile Vincent, Yann Planque, Mathilde Huon, Florence Caurant / CEBC

Cartes des déplacements des 14 phoques veaux-marins et des 12 phoques gris suivis par balises GPS/GSM à partir de la baie de Somme en 2019/2020

Cecile Vincent, Yann Planque, Mathilde Huon, Florence Caurant / CEBC

Temps passé dans le Parc naturel marin

  • Le pourcentage de temps passé (sur les reposoirs comme en mer) par les phoques au sein du Parc naturel marin, pendant leur suivi télémétrique, était en moyenne de 88 ± 16% du temps pour les phoques veaux-marins, contre 41 ± 38% du temps pour les phoques gris en 2019.
  • Les deux espèces ont une fidélité au site, mais avec une mobilité différente (grandes distances parcourues par les phoques gris).

Modélisation des habitats préférentiels

  • Les habitats préférentiels identifiés à partir des données télémétriques obtenues en 2019 sur les phoques veaux-marins sont situés dans une large bande relativement côtière allant de la baie d’Authie au nord de Dieppe. Ces prédictions sont relativement similaires à celles obtenues à partir des données télémétriques de 2008 sur la même espèce, même si elles étaient alors plus concentrées en embouchure de baie de Somme jusqu’au Tréport.
  • Les habitats préférentiels de chasse des phoques gris modélisés à partir des données télémétriques 2019 sont largement inclus dans le Parc naturel marin (débordant un peu au sud de ses délimitations), et dans une moindre mesure autour de Goodwin Sands, dans le détroit du Pas-de-Calais.
Scène de prédation par un phoque gris.

Scène de prédation par un phoque gris.

Antoine Besnier / Office français de la biodiversité

Scène de prédation par un phoque gris.

Antoine Besnier / Office français de la biodiversité

Localisation des zones de chasse

  • Globalement, 84.5% des plongées de chasse des phoques veaux-marins suivis par balise en 2019 sont localisées dans le périmètre du Parc naturel marin, contre 35.3% des plongées de chasse des phoques gris suivis la même année. Bien que les méthodes d’estimation des zones de chasse soient différentes entre les années, ces chiffres sont remarquablement similaires à ceux obtenus pour les jeux de données de 2008 (suivis télémétriques des phoques veaux-marins) et 2012 (suivis télémétriques de phoques gris).
  • Les zones de chasse probables des phoques gris sont globalement plus étendues que celles des phoques veaux-marins.
  • Il existe un chevauchement plus important entre les zones de chasse de phoques veaux-marins qu’entre celles de phoques gris.

Rythmes de chasse

  • Globalement, ni le rythme des marées ni les heures du jour ou de la nuit ne semblent influencer les rythmes de chasse des individus balisés des deux espèces.
  • En 2019, 43 % des « voyages en mer » (tout déplacement dans l’eau entre deux repos à terre successifs) des phoques veaux-marins suivis par balises duraient moins d’une heure, contre 27 % chez les phoques gris.

Abondance, répartition et régime alimentaire

Le projet - baptisé « Eco-Phoques » - vise à mieux connaître les deux espèces de phoques (phoque veau-marin et phoque gris) présentes dans les eaux du Parc et leurs interactions avec les activités humaines. Les résultats de cette étude concernent principalement l’abondance, la répartition ou encore le régime alimentaire de ces mammifères marins.


En 2017, l’étude a recensé en simultané, de la frontière belge à la baie de Somme, environ 700 phoques veaux-marins et 400 phoques gris. Les deux espèces fréquentent toute l’année nos côtes. Ce suivi a aussi permis d’identifier les zones de chasse probables des mammifères.


Une analyse des fèces (crottes) récoltées a aussi montré que les habitudes alimentaires sont différentes pour les deux espèces. L’alimentation des phoques veaux-marins de la baie de Somme est composée à plus de 80% de poissons plats (plies, flets, soles communes, soles poles, petites soles jaunes, soles perdrix) et moins de 20% de poissons ronds. Pour les phoques gris de la baie de Somme et à Walde – entre Calais et Gravelines -, elle est composée pour plus de la moitié de poissons plats (plies, flets, soles communes, soles poles), d’un tiers de poissons ronds (principalement des harengs) et d'environ 10% de céphalopodes (mollusques).


Enfin, une dernière phase portait sur les interactions entre activités humaines et population de phoques montrant un lien étroit entre les activités et la présence des phoques, et une relative connaissance de ces espèces par les acteurs. Ce travail sera à approfondir par le Parc naturel marin dans les années à venir.

Phoque gris (Halichoerus grypus), la tête hors de l'eau

Phoque gris (Halichoerus grypus), la tête hors de l'eau

Sébastien Brégeon / Office français de la biodiversité

Phoque gris (Halichoerus grypus), la tête hors de l'eau

Sébastien Brégeon / Office français de la biodiversité

Financé par la Région Hauts-de-France et par le Parc naturel marin, le projet Eco-phoques a été piloté par le Centre d’études biologiques de Chizé (CNRS / Université de La Rochelle) et mené en partenariat avec les associations locales : CMNF, ADN, GEMEL, GDEAM 62 et Picardie Nature.

Télécharger le rapport final du projet :

Suivi du régime alimentaire des phoques

En collaboration avec le Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CEBC, CNRS / La Rochelle Université), le Parc naturel marin participe à la récolte de fèces de phoques afin d’améliorer la connaissance du régime alimentaire des deux espèces de phoques en Manche Nord-Est. L'étude s’intègre dans les suites du projet « Eco-Phoques ».

L’objectif est de mieux connaître les variations saisonnières de l'alimentation des phoques et d'évaluer les différences et similarités entre les deux espèces. Les associations locales de protection de l’environnement contribuent également à la collecte de fèces de phoques de manière opportuniste.

 

Visualisez le court-métrage "pas trop scientifique" réalisé par Yann Planque, dans le cadre de sa thèse au Centre d'Etudes Biologiques de Chizé (CEBC, CNRS / La Rochelle Université) :

Pour aller plus loin

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