L'Anémone-bijou
Corynactis viridis
Les Corynactis forment des tapis denses et de couleurs vives. Ils sont parmi les joyaux de nos eaux froides, et méritent bien le nom "anémone-bijou".
Corynactis vient du grec et signifie rayon. Le mot viridis désigne la couleur verte en latin, ce qui n’est pas toujours conforme aux couleurs que peuvent présenter ces animaux dans la réalité.
L’Anémone-bijou est une espèce de petite taille mesurant 1 à 2 cm de diamètre avec un pied pouvant atteindre 1,5 cm de haut. Elle peut vivre isolée mais se rencontre le plus souvent sous forme de colonies denses. Chaque individu est nommé un polype.
La coloration, bien souvent vive voire fluorescentes, est très variable chez cette espèce : verte, violette, orange, rose, jaune, blanche, brune. Il est fréquent que des colonies de différentes couleurs se rejoignent, formant ainsi de véritables patchworks multicolores.
Elle possède plus d’une centaine de tentacules, légèrement translucides, qui sont munis d’un renflement à leur extrémité dont la couleur contraste avec le reste du corps. Ces tentacules sont disposés en 3 à 8 rangées concentriques, et leur taille décroît en se rapprochant de la bouche qui est située au centre du disque.
L’Anémone-bijou se développe sur des substrats durs où elle s’accroche : parois verticales rocheuses, surplombs des grottes sous-marines, surface des épaves. Dans des conditions favorables, ces anémones coloniales peuvent recouvrir entièrement les roches. Il a pu être compté jusqu’à 3000 individus au mètre carré !
Cette espèce affectionne les eaux froides et agitées, favorables à son alimentation, et une situation ombragée. On la rencontre généralement entre 0,5 et 30m de profondeur, parfois jusqu’à 80m en Atlantique et 100m en Méditerranée.
Au niveau du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale, l’Anémone-bijou est observable dans le détroit du Pas-de-Calais, sur les crêtes rocheuses des Ridens et sur les épaves des navires militaires de la Première Guerre Mondiale.
Corynactis viridis est une espèce prédatrice se nourrissant du zooplancton que les courants lui amènent et qu’elle capture à l’aide de ses tentacules. Chaque tentacule est terminé par un bout renflé, que l’on appelle acrosphère. Ces acrosphères sont collants et renferment des cellules urticantes, les cnidocystes, afin de piéger les proies. Lorsqu’un tentacule capture de la nourriture, il se rétracte vers la bouche de l’animal, qui l’ingère alors.
L’Anémone-bijou peut se reproduire de deux manières : par reproduction sexuée ou asexuée. La reproduction sexuée, par dispersion de larves assurant la dissémination de l’espèce, est à l’heure actuelle peu connue. La reproduction asexuée a lieu par division des individus (bourgeonnement longitudinal), qui forment ainsi des colonies de clones présentant tous la même couleur. Cette méthode de reproduction permet à l’Anémone-bijou de couvrir rapidement de grandes surfaces.
Le saviez-vous ?
Contrairement à ce que son nom commun laisse penser, l’Anémone-bijou n’est en réalité pas du tout une anémone de mer !
L’anatomie interne de cette espèce est plus proche de celle des coraux durs que de celle des anémones, ce qui lui vaut d’être classée dans l’ordre des Corallimorphaires (« forme similaire aux coraux »). Il s’agirait de coraux durs ayant perdu leur squelette calcaire au cours de l’évolution.
Pour aller plus loin
Définition : polype
Un polype est un animal de l’embranchement des cnidaires (« qui possèdent des cellules urticantes ») vivant sur un support, un rocher, par exemple. Il a un corps plus ou moins cylindrique, terminé par une bouche entourée de tentacules.